Martial – épigrammes
Martial, Marcus Valerieus Martialis (Ie s.),
Épigrammes, livre XIII, Xenia
traduit du latin par Fabien Vallos
I
Pour que les bonites ne négligent leur robe ni les olives leur manteau
et que la sordide blatte ne craigne pas la faim
il faut abandonner, Muses, ce papyrus du Nil qui est ma perte :
les ivresses de l’hiver demandent de nouveaux jeux de mots.
Mon dé à jouer ne lutte pas contre la noble arme,
et je ne secoue pas mon gobelet avec les six et les as :
voici mes jeux de papier, voici mon cornet de papier :
jeu de dé qui ne fait ni perdre ni gagner.
II
Que tu puisses être moqueur, ou que tu puisses être un nez
comme Atlas n’aurait pas voulu en porter
et que tu puisses même rire de Latinus,
tu ne peux en dire plus dans ces balivernes,
que je n’en dis. Pourquoi avoir une dent contre
et médire ? Il te faut de la chair si tu veux te rassasier.
N’ignore pas ton œuvre : il est étonnant qu’il y ait
tant d’amertume, alors qu’il n’y a rien de nouveau.
Mais il n’y a pourtant rien de trop, si tu l’écoutes simplement
sans venir à moi avec le front du matin.
III
La foule de tous ces petits Cadeaux réunis dans
ce petit livre te coûtera quatre pièces.
Quatre c’est trop ? Tu pourras le négocier pour deux
et faire la fortune du libraire Tryphon.
Tu pourras envoyer à tes amis mes distiques en cadeaux
si tu es aussi pauvre que moi en pièces.
Il y a un titre aux objets qui le désigne par un nom :
passe outre si ton estomac ne le supporte pas.
IV Encens
Afin que le Germain commande à la cour céleste tardivement
et longtemps sur terre, offre du pieux encens à Jupiter.
V Poivre
Le becfigue bien gras et aux flancs tendres,
si tu as la chance qu’on t’en donne et si tu l’aimes, mets du poivre.
VI Semoule
Moi c’est la semoule, le riche pourra t’envoyer du vin miellé.
Si le riche ne t’en donne pas, achètes-en.
VII Fève
Si la coque rouge écume dans un de tes ternes pots,
tu peux souvent refuser les dîners de riches.
VIII Épeautre
Imprègne les urnes plébéiennes de bouillie de Clusium,
pour boire, quand elles seront vides, le doux vin nouveau.
IX Lentille
Accepte ces lentilles, cadeau du Nil et de Péluse
plus communes que la semoule, plus chères que la fève.
X Fleur de farine
Tu ne pourras énumérer les qualités et les usages de la fleur de farine,
si souvent utilisée par les pâtissiers et les cuisiniers.
XI Orge
Muletier toi qui n’en donnes pas à tes mules silencieuses, acceptes-en.
Aussi c’est à l’aubergiste, et non à toi que j’en donne.
XII Froment
Prends trois cents muids des récoltes des terres de Libye
afin que ton champ des banlieues ne meure.
XIII Blettes
Afin que les fades blettes, déjeuner d’ouvriers, aient du goût,
tant de fois le cuisinier réclame du vin et du poivre !
XIV Laitues
Les anciens avaient l’habitude de finir les repas avec la laitue.
Dis-moi, pourquoi finissons-nous nos banquets avec ?
XV Charbon de bois
Si tu cultives tes propriétés près de Nomentum
je t’avertis, paysan, de faire porter du bois chez toi.
XVI Raves
Ces raves qui se réjouissent du froid de l’hiver,
je te les donne, au ciel Romulus s’en satisfait.
XVII Brocolis
Afin que ces choux verdâtres ne te dégoûtent pas,
l’eau nitrée les rend verts.
XVIII Poireaux sectiles
Les tiges des poireaux de Tarente sont très fortes
à chaque fois que tu donnes un baiser, ferme la bouche.
XIX Poireaux à têtes
Les forêts d’Aricie nous envoient les meilleurs poireaux :
regarde leurs vertes têtes et leurs blanches tiges.
XX Navets
Les terres d’Amiterne nous font croître heureux :
tu pourras manger moins de navets boules de Nursia
XXI Asperges
La molle pointe qui pousse sur le littoral de Ravenne,
n’est pas meilleure que l’asperge sauvage.
XXII Raisin à peau dure
Raisin impropre au verre et inutile à Bacchus,
ne me bois pas, je serai pour toi du nectar.
XXIII Figues de Chio
La Chia pareille aux vieux vins de Bacchus envoyés de Sétie,
porte avec elle son vin et son sel.
XXIV Coings
Si on te porte des coings confits au miel de Cécrops
tu peux dire « j’aime les pommes-miel ».
XXV Pommes de pin
Nous sommes les fruits de Cybèle. Écarte-toi de là passant,
nous risquons de te tomber sur la tête.
XXVI Cormes
Nous sommes les cormes, propres aux ventres trop relâchés :
donnes-en à ton enfant plutôt qu’à toi.
XXVII Feuilles de datte
On offre aux calendes de janvier des dattes dorées ;
et pourtant ce n’est qu’un cadeau de pauvre.
XXVIII Corbeilles de coctanes
Ces fruits qui sont cachés dans les corbeilles tressées,
sont des coctanes, plus grosses elles seraient des figues.
XXIX Corbeilles de prunes de Damas
Prunes voyageuses, rugueuses et au vieux goût rance,
prends-en : elles déchargent les ventres durs.
XXX Fromage de Luna
Le fromage étrusque de Luna en a la forme,
il fera mille fois le repas de tes serviteurs.
XXXI Fromage Vestin
Si tu veux frugalement déjeuner sans viande, prends
ce fromage qui vient des troupeaux vestins.
XXXII Fromage fumé
Il ne faut pas n’importe quels feu ou fumée pour ce fromage
mais celui du Vélabre dont il a le goût.
XXXIII Fromage de Trebula
Nous sommes de Trebula ; et doublement recommandables
soit à la flamme légère, soit adoucis par l’eau.
XXXIV Oignons
Si ta femme est vieille et si tes membres sont morts,
tu ne peux que te satisfaire d’oignons.
XXXV Saucisses
De la Lucanie, je suis fille d’une truie du Picénum :
et la couronne sur la bouillie blanche.
XXXVI Panier d’olives
Ces olives, arrachées aux pressoirs du Picénum,
commencent et finissent les festins.
XXXVII Citrons
Ces citrons viennent des arbres des jardins de Corcyre
ou de ceux du dragon massylien.
XXXVIII Caillé doux
Avant même que les chevreaux ne tiennent debout, le berger
prend le lait que nous donne la mère.
XXXIX Chevreaux
Que cette bête joueuse et nuisible aux bourgeons de Bacchus
soit punie ; elle lui nuit si jeune.
XL Œufs
Quand le jaune flotte au milieu du blanc,
assaisonne-le d’une sauce aux maquereaux des Hespérie.
XLI Cochon de lait
Qu’on le serve uniquement nourrisson d’une mère paresseuse,
et que le riche se régale de celui d’Étolie.
XLII Grenades et azeroles
Ces grenades et ces azeroles ne viennent pas de Libye,
mais de mes arbres de Nomentum.
XLIII Idem
Je t’envoie des grenades cueillies dans mon jardin
et des azeroles du pays. Pourquoi veux-tu celles de Libye ?
XLIV Tétine
Tu ne crois pas manger de la tétine : pis abondant
et aux tétons gonflés d’où jaillit le lait frais.
XLV Poulets
Si j’avais des oiseaux de Libye et du Phase,
tu en recevrais, pour le moment prends ceux de la basse-cour.
XLVI Pêches précoces
Nous étions sans valeur sur la branche du pêcher maternel :
maintenant nous sommes douces sur ce pêcher adoptif.
XLVII Pains du Picénum
Ces pains du Picénum trempent dans le lait blanc,
comme une éponge légère se gonfle d’eau.
XLVIII Cèpes
Envoyer de l’argent, de l’or, un manteau et une toge
c’est facile : envoyer des cèpes c’est difficile.
XLIX Becfigues
Puisque je picore aussi bien les figues que les raisins doux,
pourquoi le raisin ne m’a-t-il pas donné son nom ?
L Truffes
Nous les truffes rompons la terre nourricière en doux retournements,
avec les cèpes nous sommes ses seconds fruits.
LI Brochette de grives
Les guirlandes de roses et de riche nard te plaisent,
je préfère les couronnes faites avec des grives.
LII Canards
Fais-le servir entier ; mais il n’a de bon que la poitrine
et la cervelle : renvoie le reste au cuisinier.
LIII Pigeonneaux
Tant qu’on me servira des pigeonneaux gras, la laitue sera sauve :
et prends les coquillages. Je veux garder ma faim.
LIV Jambon
Qu’on me fasse venir un jambon de Cerdagne ou
de Ménapie : les gourmets veulent le jarret.
LV Jarret
Il est frais : vite, appelle tes meilleurs amis.
Je n’ai que faire des vieux jarrets.
LVI Vulve
Peut-être préfères-tu une vulve de truie vierge ;
moi je préfère celle d’une truie pleine.
LVII Colocase
Tu riras de ce légume du Nil filandreux et mou,
quand tu retireras avec tes dents et tes doigts ces mauvais fils.
LVIII Foie d’oie
Regarde, ce foie est plus gros que la plus grosse des oies !
Tu diras étonné : « Je me demande d’où il vient ? »
LIX Loirs
Je dors tout l’hiver et je m’engraisse mieux
quand je n’ai que le sommeil pour aliment.
LX Lapins
Le lapin aime habiter les terriers qu’il a creusés.
Il nous a montré ainsi les secrets des ennemis.
LXI Gélinottes
Parmi les délices de la table, le meilleur
en goût est la gélinotte d’Ionie.
LXII Poules grasses
On engraisse facilement une poule avec de la farine tendre,
et dans l’obscurité. La gourmandise est ingénieuse.
LXIII Chapons
Pour que le coq ne maigrisse pas trop en épuisant ses parties,
on les lui coupe. Il n’est donc plus pour moi un coq.
LXIV Idem
La poule succombe en vain à un mari stérile.
Il aurait dû être l’oiseau de Cybèle.
LXV Perdrix
On sert très rarement cet oiseau sur les tables d’Ausonie :
il n’y en a que là où l’on s’amuse dans les piscines.
LXVI Colombes
Ne souille pas d’une dent parjure les blanches colombes,
si les mystères de la déesse de Cnide t’ont été transmis.
LXVII Palombes
La palombe à collier alanguit et affaiblit les parties :
ne mange pas de cet oiseau si tu veux être vigoureux.
LXVIII Loriot
L’oiseau jaune se prend au gluau et au filet,
alors que pousse la vigne nouvelle d’un vert pur.
LXIX Chattes
Jamais l’Ombrie ne nous donna des chats de Pannonie :
Pudens préfère les envoyer en cadeaux à sa maîtresse.
LXX Paons
Combien de fois tu l’admires quand il déploie ses ailes diaprées,
alors que tu le donnes, durement, à ton cruel cuisinier ?
LXXI Flamants
Les plumes rouges donnent mon nom, mais notre langue
est goûtue. Que serait-ce si elle bavardait ?
LXXII Faisans
Je fus d’abord transporté sur un navire argien :
je n’avais alors rien connu d’autre que le Phase.
LXXIII Poules de Numidie
Quoique Hannibal fût rassasié d’oies romaines,
jamais ce barbare ne mangea des oiseaux de chez lui.
LXXIV Oies
Cet oiseau sauva le temple tarpéien de Jupiter Tonnant.
Ça t’étonne ? Il n’était pas encore l’œuvre du dieu.
LXXV Grues
Tu troubleras la ligne et la lettre ne sera pas complète,
si tu tues un des oiseaux de Palamède.
LXXVI Bécasses
Bécasse ou perdrix, qu’importe, si nous sommes aussi bonnes !
La perdrix est plus chère. C’est pour cela qu’elle est meilleure.
LXXVII Cygnes
Sa langue module un chant doux et épuisé
quand il chante lui-même sa mort.
LXXVIII Poules sultanes
Pourquoi un si petit oiseau a le nom d’un si grand géant ?
Il a le nom de Porphyrion le vert.
LXXIX Mulets vivants
Le mulet respire dans l’eau de son transport, mais il est engourdi ;
il meurt. Dans l’eau de mer il reprendra des forces.
LXXX Murènes
La grande murène qui nage dans les profondes eaux de Sicile,
ne peut replonger si sa peau est brûlée par le soleil.
LXXXI Turbot
Aussi large que soit le plat que porte le turbot,
le turbot est pourtant plus large que le plat.
LXXXII Huîtres
J’arrive, à l’instant, ivre des coquillages du Lucrin près de Baïes :
maintenant j’ai une grande soif du luxueux garum.
LXXXIII Squilles
Nous sommes aimées du bleu Liris, que la forêt du Marica
protège : nous y sommes en grand nombre.
LXXXIV Scares
Ce scare qui vient des flots de la mer est mangeable,
le foie est bon, le reste est fade.
LXXXV Corbs
Corb, on t’arrache en premier sur les marchés du Nil :
ta gloire est supérieure à la gourmandise des Alexandrins.
LXXXVI Oursins
Si les piquants acérés ont l’habitude de blesser les mains,
hors de sa coquille l’oursin est délicat.
LXXXVII Murex
Teintes de notre sang, tu portes, ingrat,
des tuniques, mais c’est encore insuffisant, tu nous manges.
LXXXVIII Goujons
Chez les Vénètes quelque soit la splendeur des banquets,
on commence le repas avec des goujons.
LXXXIX Loups
Le loup blanc se trouve à l’embouchure du Timave des Euganéens
se nourrissant des eaux douces et salées.
XC Dorades
Toutes les dorades n’ont pas le même prix ni la même valeur,
les meilleures sont celles nourries aux huîtres du Lucrin.
XCI Esturgeons
Envoyez l’esturgeon aux tables du Palatin :
ce met rare orne les festins divins.
XCII Lièvres
Parmi les oiseaux je suis certain de préférer les grives,
parmi les quadrupèdes le lièvre est la première friandise.
XCIII Sangliers
Le sanglier redoutable et hirsute qui dans les champs de Diomède
tomba sous la pointe étolienne, c’est lui.
XCIV Daims
Les cornes du cerf le défendent et effraient les dents du sanglier :
daims désarmés qui sommes-nous sinon une proie ?
XCV Oryx
À l’aube tu n’es pas la dernière des bêtes sauvages
cruel oryx qui me coûte tant de chiens tués.
XCVI Cerfs
Était-il celui que tu maîtrisas, Cyparisse, d’un licol ?
Où bien était-il comme le tien, Sylvia ?
XCVII Lalisions
Alors que l’onagre est petit et qu’il tette sa mère, on l’appelle
lalision, mais ce nom d’enfant il ne le garde pas longtemps.
XCVIII Chèvres
Tu verras la chèvre suspendue au sommet des rochers
en espérant qu’elle chute ; de là-haut elle méprise tes chiens.
XCIX Biches
Tu offriras à ton petit enfant cet amour de jeune biche :
la foule a l’habitude de la faire courir en agitant les toges.
C Onagres
Voici le bel onagre : on doit cesser la chasse
à l’ivoire : et enlever maintenant les sacs.
CI Huile de Vénafre
Elle est extraite de ce fruit de Vénafre en Campanie :
tu la prends si souvent pour parfum, et ça sent.
CII Garum des alliés
Les maquereaux rendaient encore leur premier sang :
accepte ce somptueux garum comme un précieux présent.
CIII Amphore de saumure
Je l’avoue, je suis la fille du thon d’Antipolis :
si je l’avais été du maquereau, je n’aurais pas été envoyée.
CIV Miel d’Attique
L’abeille butineuse de l’Hymette athénien t’envoie,
des forêts de Pallas, ce noble nectar.
CV Brèches siciliennes
Quand tu offriras ces brèches siciliennes des collines de l’Hybla,
tu pourras dire qu’elles viennent du pays de Cécrops.
CVI Passum
Les vignes de la Crète minoenne l’ont produit,
il est le vin miellé des pauvres.
CVII Vins poissés
Ce poissé vient de Vienne la vineuse
n’en doute pas, Romulus me l’a lui-même envoyé.
CVIII Vins miellés
Tu troubles ce nectar de Falerne avec du miel de l’Attique.
Il faut que Ganymède mélange ce vin pur.
CIX Vins d’Albe
Cette douce vendange vient des caves de César,
elle se plaît sur le mont Julius.
CX Vins de Sorrente
Tu bois du Sorrente ? Utilise ni coupe murrhine ornée ni coupe
d’or : bois ce vin dans les pots qui le servent.
CXI Le Falerne
Ces Massiques viennent des pressoirs de Sinuesse :
tu demandes sous quel consul on les a enfermés ? Il n’y en avait pas.
CXII Vins de Sétie
Suspendue au-dessus des marais Pontins, Sétie
la petite ville, nous envoie ses vieilles jarres.
CXIII Vins de Fondi
Cet heureux automne d’Opimius a produit ce vin de Fondi.
Le consul a pressé le vin et l’a bu lui-même.
CXIV Vins de Trifolium
Je l’avoue, vin de Trifolium, je ne suis pas le premier,
mais parmi les vins je serais le septième.
CXV Le Cécube
Le généreux Cécube mûrit sur les terres de Fondi et d’Amycles,
la vigne qui le produit pousse au milieu des marais.
CXVI. Vins de Signia
Tu boiras du vin de Signia qui resserre le ventre ?
Pour ne pas être constipé, n’en bois pas trop.
CXVII. Le Mamertin
Si on te donne une amphore de vin de Messine aussi vieille
que Nestor, donne lui le nom que tu veux.
CXVIII Vins de Tarragone
Ce vin de Tarragone qui ne cède que devant les vins de Campanie,
rivalise avec les jarres de vin produit en Toscane.
CXIX Vins de Nomente
Mes vignes de Nomente te donne ce vin :
si tu es l’ami de Quintus, tu en boiras de meilleurs.
CXX. Vins de Spolète
Si le vin de Spolète a vieilli en bouteilles
tu le préfèreras au vin nouveau de Falerne.
CXXI. Vins péligniens
Les paysans péligniens t’envoient le vin trouble des Marses :
n’en bois pas, fais-le boire à ton affranchi.
CXXII. Vinaigre
Ne méprise pas cette amphore de vinaigre du Nil :
quand il était du vin, il était plus commun.
CXXIII. Vins de Marseille
Puisque ta générosité t’attire des centaines de personnes,
donne leur à boire du vin fumé de Marseille.
CXXIV. Vins de Céré
Népos te sert du vin de Céré, tu le prendras pour du Sétie.
Il ne le donne pas à tous, il le boit à trois.
CXXV. Vins de Tarente
L’Aulon est réputé pour ses laines et ses riches vignes,
je te laisse les précieux tissus, je garde le vin.
CXXVI Parfums
Ne laisse à ton héritier ni parfums ni vins.
Donne lui de l’argent, garde pour toi tout le reste.
CXXVII Couronnes de roses
L’hiver te donne, César, des couronnes hâtives :
jadis elles étaient vraies, maintenant les roses sont à toi.
♦♦♦
NOTES :
I. Canis ou le coup du chien signifie placer tous les as.
II. Il y a ici un jeu de mot entre nasus, le nez mais aussi l’esprit moqueur et l’adjectif nasutus qui signifie lui aussi moqueur.
III. Xenorium en latin signifie le présent, le petit cadeau (tiré du grec xènios, l’hospitalité, les présents, et de xènos, ce qui est étranger).
VII. Il y a différents jeux de mots entre concha (coque de la fève et le coquillage) et testa qui signifie le pot en terre mais aussi le coquillage, la coque (et la tache au visage, la rougeur).
VIII. Clusium, aujourd’hui Chiudi était réputée pour son épeautre.
IX. Péluse est une ville de Basse-Égypte.
XI. Le mulio est celui qui s’occupe des mules, c’est aussi le surnom de l’empereur Vespasien.
XV. Nomentum est une ville du Latium.
XIX. Forêt du Latium qui tire son nom de celui de la princesse athénienne Aricie (elle s’y serait cachée avec Hippolyte).
XX. Amiterne et Nursia (aujourd’hui Norcia) sont des villes des Abruzzes.
XXIII. Chio est une île grecque, Sétie un village du Latium.
XXIV. Miel d’Athènes du nom du premier roi Cécrops. Ce qui est traduit par « pomme-miel » est une melimela, dont voici une recette reconstituée : 4 ou 5 coings et du miel doux. Préparation : peler et couper le coing en tranches fines, couvrir d’eau citronnée et réserver au frais une journée. Cuire jusqu’à ce que le fruit devienne tendre. Égoutter, couvrir de miel et faire cuire une petite heure. Laisser les coings couverts de miel encore une journée.
XXX. Luna port d’Étrurie, aujourd’hui La Spezzia.
XXXI. Les Vestins sont un peuple d’Italie centrale.
XXXII. Le Vélabre est un quartier de Rome au pied du Palatin.
XXXIII. Trebula est une ville de Campanie.
XXXV. La Lucanie est l’actuelle Basilicate et le Picénum est l’actuelle province des Marches.
XXXVII. Corcyre est l’actuelle ville de Corfou et la Massylie est une région d’Afrique du Nord.
XL. Pour les Latins l’Hespérie est ce qui est situé à l’ouest, donc l’actuelle Espagne.
XLI. L’Étolie est une région de l’ouest de la Grèce.
XLV. Le Phase est une rivière, l’actuel fleuve Rioni, qui coule en Géorgie.
LXVII. Le pain du Picénum est un pain avec des raisins secs cuits dans des plats en terre et mangé imbibé de lait miellé.
LIV. La Cerdagne est une région des Pyrénées-Orientales et la Ménapie est aujourd’hui les Ardennes.
LXI. L’Ionie est une région d’Asie mineure, actuellement en Turquie autour d’Izmir.
LXIII. Jeu de mots entre les termes inguen (les parties) et testis (les testicules).
LXIV. Cybèle ou Magna Mater est une divinité d’origine phrygienne dont les prêtres étaient des eunuques.
LXV. L’Ausonie désigne poétiquement l’Italie.
LXVI. Cnide est une ville de l’île de Rhodes ; la déesse de Cnide désigne Aphrodite.
LXVII. Ici encore de multiples jeux de mots sexuels entre le terme inguen (les parties) et l’adjectif salax (lascif, aphrodisiaque) : la perte du désir est sans doute évoquée à partir de la figure du torquis (le collier) qui est aussi la figure de l’esclave et de l’attachement.
LXVIII. Ici encore des jeux de mots complexes entre le terme galbulus (le loriot, de l’adjectif galbus qui signifie jaune, vert pâle) et le terme galbinus (galbina ales : l’oiseau jaune, vert) : mais galbinus signifie aussi ce qui est efféminé. Au second vers on retrouve d’autres termes, rudis (brute, ignorant, jeune), viridis, (vert, jeune), turgere (gonfler).
LXIX. La Pannonie est l’actuelle Hongrie. Le terme latin catta est ambigu, nous préférons le traduire par chatte.
LXXI. Le terme latin pour le flamant est phœnicopterus (phoènix : pourpre et ptéron : aile).
LXXII. Argien signifie poétiquement la Grèce, le Phase est un fleuve de l’actuelle Géorgie. Le nom du faisan (phasianus) provient de cette région.
LXXIII. Il s’agit des pintades.
LXXIV. Fait référence au mythe des oies du Capitole qui auraient donné l’alerte de l’invasion des Gaulois en 390 av. J.C.
LXXV. Palamède est un personnage de la guerre de Troie à qui l’on doit l’invention de l’alphabet et notamment de la lettre y en observant le vol des grues. Il fut mis à mort par une perfidie d’Ulysse.
LXXVIII. Porphyrion est le nom d’un géant, fils d’Ouranos et Gaia. Le nom de cet oiseau vient de la couleur rouge (porfura signifie le pourpre, la couleur rouge) de son bec et de ses pattes. Voir Buffon, Histoire naturelle (p. 194-203). Prasinus signifie de couleur verte (de la couleur du poireau) et signifie aussi ce qu’on appelle la faction Prasine, c’est-à-dire l’équipe verte des écuyers à Rome.
LXXXII. Le lac Lucrin est un petit lac de la région de Naples.
XCIII. Les champs de Diomède sont une plaine de l’Apulie, aujourd’hui les Pouilles et l’Étolie est une province de Grèce.
XCVI. Sylvia est la fille de Tyrrhénus (Voir Virgile, Énéide, livre I, 163). Cyparisse, jeune homme aimé d’Apollon, perd son cerf favori, et désire lui-même mourir : il se laisse alors transformer en cyprès (voir Ovide, Métamorphose, X, 106).
C. Cette épigramme est mystérieuse. Nous traduisons dentis Erythraei par ivoire et nous traduisons le dernier mot, sinus, par sac (le mot sinus signifie le pli, le creux, le pli de la toge qui devient une poche), c’est-à-dire les sacs de toile posés sur le dos des ânes.
CII. Le garum des alliés (garum sociorum), considéré comme le meilleur était fabriqué en Bétique, c’est-à-dire dans l’actuelle Andalousie.
CIII. Antipolis est aujourd’hui la ville d’Antibes.
CIV. L’Hymette est un massif montagneux au sud-est d’Athènes, Pallas est une épiclèse d’Athéna.
CV. Hybla-Parva est une ville voisine de Syracuse, Cécrops est le fondateur légendaire d’Athènes.
CVI. Le passum est un vin obtenu par passerillage des raisins (séchage sur la paille) : on en retrouve de multiples variétés avec les Passito, les Vin Santo, les Vins de Paille, etc.
CVII. Il s’agit de Vienne dans la vallée du Rhône. Le picatum tire son nom des tonneaux enduits de poix qui permettaient de transporter le vin et qui lui donnaient un léger goût.
CVIII. Le Falerne est un vin de Campanie. Ganymède est un prince troyen, considéré comme le plus beau des mortels, il est enlevé par Zeus qui se transforme en aigle : il est l’amant de Zeus et l’échanson des dieux.
CX. Le murrhin est une matière précieuse, sans doute de l’onyx, du jade ou une pierre tendre.
CXI. Sinuesse est une ville de Campanie (aujourd’hui Mondragone), les Massiques sont des vins provenant du mont Massique en Campanie.
CXIII. Opimius, consul en 121 av. J.C., sous lequel le vin fut particulièrement réputé. Fondi est une ville du Latium.
CXIV. Les monts Trifolium en Campanie.
CXV. Fondi et Amycles sont des villes du Latium, le Cécube est un vin réputé du Latium.
CXVI. Signia est une ville du Latium (aujourd’hui Segni).
CXVII. Messine est une ville de Sicile. Nestor, héros mythologique, est roi de Messine.
CXVIII. Tarragone est une ville de Catalogne.
CXIX. Nomentum est une ville du Latium.
CXX. Les Marses et les Péligniens sont deux peuples d’Italie centrale.
CXXIV. Céré est une ville d’Étrurie.
CXXV. L’Aulon est une montagne de Campanie.
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TEXTE LATIN :
Martialis (ca. 40 – ca. 104)
Xenia (Epigrammaton liber XIII)
I
Ne toga cordylis et paenula desit olivis
Aut inopem metuat sordida blatta famem,
Perdite Niliacas, Musae, mea damna, papyros:
Postulat, ecce, novos ebria bruma sales.
Non mea magnanimo depugnat tessera telo,
Senio nec nostrum cum cane quassat ebur:
Haec mihi charta nuces, haec est mihi charta fritillus:
Alea nec damnum nec facit ista lucrum.
II
Nasutus sis usque licet, sis denique nasus,
Quantum noluerat ferre rogatus Atlans,
Et possis ipsum tu deridere Latinum:
Non potes in nugas dicere plura meas,
Ipse ego quam dixi. Quid dentem dente iuvabit
Rodere? carne opus est, si satur esse velis.
Ne perdas operam: qui se mirantur, in illos
Virus habe, nos haec novimus esse nihil.
Non tamen hoc nimium nihil est, si candidus aure,
Nec matutina si mihi fronte venis.
III
Omnis in hoc gracili Xeniorum turba libello
Constabit nummis quattuor empta tibi.
Quattuor est nimium? poterit constare duobus,
Et faciet lucrum bybliopola Tryphon.
Haec licet hospitibus pro munere disticha mittas,
Si tibi tam rarus, quam mihi, nummus erit.
Addita per titulos sua nomina rebus habebis:
Praetereas, si quid non facit ad stomachum.
IV Tus
Serus ut aetheriae Germanicus imperet aulae
Utque diu terris, da pia tura Iovi.
V Piper
Cerea quae patulo lucet ficedula lumbo,
Cum tibi sorte datur, si sapis, adde piper.
VI Alica
Nos alicam, poterit mulsum tibi mittere dives.
Si tibi noluerit mittere dives, emes.
VII Faba
Si spumet rubra conchis tibi pallida testa,
Lautorum cenis saepe negare potes.
VIII Far
Inbue plebeias Clusinis pultibus ollas,
Ut satur in vacuis dulcia musta bibas.
IX Lens
Accipe Niliacam, Pelusia munera, lentem:
Vilior est alica, carior illa faba.
X Simila
Nec dotes similae possis numerare nec usus,
Pistori totiens cum sit et apta coco.
XI Hordeum
Mulio quod non det tacituris, accipe, mulis.
Haec ego coponi, non tibi dona dedi.
XII Frumentum
Tercentum Libyci modios de messe coloni
Sume, suburbanus ne moriatur ager.
XIII Betae
Ut sapiant fatuae, fabrorum prandia, betae,
O quam saepe petet vina piperque cocus!
XIV Lactucae
Cludere quae cenas lactuca solebat avorum,
Dic mihi, cur nostras inchoat illa dapes?
XV Ligna acapna
Si vicina tibi Nomento rura coluntur,
Ad villam moneo, rustice, ligna feras.
XVI Rapa
Haec tibi brumali gaudentia frigore rapa
Quae damus, in caelo Romulus esse solet.
XVII Fascis coliculi
Ne tibi pallentes moveant fastidia caules,
Nitrata viridis brassica fiat aqua.
XVIII Porri sectivi
Fila Tarentini graviter redolentia porri
Edisti quotiens, oscula clusa dato.
XIX Porri capitati
Mittit praecipuos nemoralis Aricia porros:
In niveo virides stipite cerne comas.
XX Napi
Hos Amiternus ager felicibus educat hortis:
Nursinas poteris parcius esse pilas.
XXI Asparagi
Mollis in aequorea quae crevit spina Ravenna,
Non erit incultis gratior asparagis.
XXII Uvae duracinae
Non habilis cyathis et inutilis uva Lyaeo,
Sed non potanti me tibi nectar ero.
XXIII Ficus Chiae
Chia seni similis Baccho, quem Setia misit,
Ipsa merum secum portat et ipsa salem.
XXIV Cydonea
Si tibi Cecropio saturata Cydonea melle
Ponentur, dicas: ‘Haec melimela placent.’
XXV Nuces pineae
Poma sumus Cybeles: procul hinc discede, viator,
Ne cadat in miserum nostra ruina caput.
XXVI Sorba
Sorba sumus, molles nimium tendentia ventres:
Aptius haec puero, quam tibi, poma dabis.
XXVII Petalium caryotarum
Aurea porrigitur Iani caryota Kalendis;
Sed tamen hoc munus pauperis esse solet.
XXVIII Vas cottanorum
Haec tibi quae torta venerunt condita meta,
Si maiora forent cottana, ficus erat.
XXIX Vas Damascenorum
Pruna peregrinae carie rugosa senectae
Sume: solent duri solvere ventris onus.
XXX Caseus Lunensis
Caseus Etruscae signatus imagine Lunae
Praestabit pueris prandia mille tuis.
XXXI Caseus Vestinus
Si sine carne voles ientacula sumere frugi,
Haec tibi Vestino de grege massa venit.
XXXII Caseus fumosus
Non quemcumque focum nec fumum caseus omnem,
Sed Velabrensem qui bibit, ille sapit.
XXXIII Casei Trebulani
Trebula nos genuit; commendat gratia duplex,
Sive levi flamma, sive domamur aqua.
XXXIV Bulbi
Cum sit anus coniunx et sint tibi mortua membra,
Nil aliud bulbis quam satur esse potes.
XXXV Lucanicae
Filia Picenae venio Lucanica porcae:
Pultibus hinc niveis grata corona datur.
XXXVI Cistella olivarum
Haec, quae Picenis venit subducta trapetis,
Inchoat atque eadem finit oliva dapes.
XXXVII Mala citrea
Aut Corcyraei sunt haec de frondibus horti,
Aut haec Massyli poma draconis erant.
XXXVIII Colustrum
Subripuit pastor quae nondum stantibus haedis
De primo matrum lacte colustra damus.
XXXIX Haedus
Lascivum pecus et viridi non utile Baccho
Det poenas; nocuit iam tener ille deo.
XL Ova
Candida si croceos circumfluit unda vitellos,
Hesperius scombri temperet ova liquor.
XLI Porcellus lactans
Lacte mero pastum pigrae mihi matris alumnum
Ponat, et Aetolo de sue dives edat.
XLII Apyrina et tubures
Non tibi de Libycis tubures et apyrina ramis,
De Nomentanis sed damus arboribus.
XLIII Idem
Lecta suburbanis mittuntur apyrina ramis
Et vernae tubures. Quid tibi cum Libycis?
XLIV Sumen
Esse putes nondum sumen: sic ubere largo
Et fluit et vivo lacte papilla tumet.
XLV Pulli gallinacei
Si Libycae nobis volucres et Phasides essent,
Acciperes, at nunc accipe chortis aves.
XLVI Persica praecocia
Vilia maternis fueramus Persica ramis:
Nunc in adoptivis Persica cara sumus.
XLVII Panes Picentini
Picentina Ceres niveo sic nectare crescit,
Ut levis accepta spongia turget aqua.
XLVIII Boleti
Argentum atque aurum facilest laenamque togamque
Mittere: boletos mittere difficilest.
XLIX Ficedulae
Cum me ficus alat, cum pascar dulcibus uvis,
Cur potius nomen non dedit uva mihi?
L Terrae tubera
Rumpimus altricem tenero quae vertice terram
Tubera, boletis poma secunda sumus.
LI Turdorum decuria
Texta rosis fortasse tibi vel divite nardo,
At mihi de turdis facta corona placet.
LII Anates
Tota quidem ponatur anas; sed pectore tantum
Et cervice sapit: cetera redde coco.
LIII Turtures
Cum pinguis mihi turtur erit, lactuca valebis:
Et cocleas tibi habe. Perdere nolo famem.
LIV Perna
Cerretana mihi fiat vel missa licebit
De Menapis: lauti de petasone vorent.
LV Petaso
Musteus est: propera, caros nec differ amicos.
Nam mihi cum vetulo sit petasone nihil.
LVI Volva
Te fortasse magis capiat de virgine porca;
Me materna gravi de sue volva capit.
LVII Colocasia
Niliacum ridebis holus lanasque sequaces,
Inproba cum morsu fila manuque trahes.
LVIII Iecur anserinum
Aspice, quam tumeat magno iecur ansere maius!
Miratus dices: ‘Hoc, rogo, crevit ubi?’
LIX Glires
Tota mihi dormitur hiems et pinguior illo
Tempore sum, quo me nil nisi somnus alit.
LX Cuniculi
Gaudet in effossis habitare cuniculus antris.
Monstravit tacitas hostibus ille vias.
LXI Attagenae
Inter sapores fertur alitum primus
Ionicarum gustus attagenarum.
LXII Gallinae altiles
Pascitur et dulci facilis gallina farina,
Pascitur et tenebris. Ingeniosa gula est.
LXIII Capones
Ne nimis exhausto macresceret inguine gallus,
Amisit testes. Nunc mihi gallus erit.
LXIV Idem
Succumbit sterili frustra gallina marito.
Hunc matris Cybeles esse decebat avem.
LXV Perdices
Ponitur Ausoniis avis haec rarissima mensis:
Hanc in piscina ludere saepe soles.
LXVI Columbini
Ne violes teneras periuro dente columbas,
Tradita si Gnidiae sunt tibi sacra deae.
LXVII Palumbi
Inguina torquati tardant hebetantque palumbi:
Non edat hanc volucrem qui cupit esse salax.
LXVIII Galbuli
Galbina decipitur calamis et retibus ales,
Turget adhuc viridi cum rudis uva mero.
LXIX Cattae
Pannonicas nobis numquam dedit Umbria cattas:
Mavult haec dominae mittere dona Pudens.
LXX Pavones
Miraris, quotiens gemmantis explicat alas,
Et potes hunc saevo tradere, dure, coco?
LXXI Phoenicopteri
Dat mihi pinna rubens nomen, sed lingua gulosis
Nostra sapit. Quid si garrula lingua foret?
LXXII Phasianae
Argoa primum sum transportata carina:
Ante mihi notum nil nisi Phasis erat.
LXXIII Numidicae
Ansere Romano quamvis satur Hannibal esset,
Ipse suas numquam barbarus edit aves.
LXXIV Anseres
Haec servavit avis Tarpei templa Tonantis.
Miraris? Nondum fecerat illa deus.
LXXV Grues
Turbabis versus nec littera tota volabit,
Unam perdideris si Palamedis avem.
LXXVI Rusticulae
Rustica sim an perdix, quid refert, si sapor idem est?
Carior est perdix. Sic sapit illa magis.
LXXVII Cycni
Dulcia defecta modulatur carmina lingua
Cantator cycnus funeris ipse sui.
LXXVIII Porphyriones
Nomen habet magni volucris tam parva gigantis?
Et nomen prasini Porphyrionis habet.
LXXIX Mulli vivi
Spirat in advecto, sed iam piger, aequore mullus;
Languescit. Vivum da mare: fortis erit.
LXXX Muraenae
Quae natat in Siculo grandis muraena profundo,
Non valet exustam mergere sole cutem.
LXXXI Rhombi
Quamvis lata gerat patella rhombum,
Rhombus latior est tamen patella.
LXXXII Ostrea
Ebria Baiano veni modo concha Lucrino:
Nobile nunc sitio luxuriosa garum.
LXXXIII Squillae
Caeruleus nos Liris amat, quem silva Maricae
Protegit: hinc squillae maxima turba sumus.
LXXXIV Scarus
Hic scarus, aequoreis qui venit adesus ab undis,
Visceribus bonus est, cetera vile sapit.
LXXXV Coracinus
Princeps Niliaci raperis, coracine, macelli:
Pellaeae prior est gloria nulla gulae.
LXXXVI Echini
Iste licet digitos testudine pungat acuta,
Cortice deposita mollis echinus erit.
LXXXVII Murices
Sanguine de nostro tinctas, ingrate, lacernas
Induis, et non est hoc satis, esca sumus.
LXXXVIII Gobii
In Venetis sint lauta licet convivia terris,
Principium cenae gobius esse solet.
LXXXIX Lupus
Laneus Euganei lupus excipit ora Timavi,
Aequoreo dulces cum sale pastus aquas.
XC Aurata
Non omnis laudes pretiumque aurata meretur,
Sed cui solus erit concha Lucrina cibus.
XCI Acipensis
Ad Palatinas acipensem mittite mensas:
Ambrosias ornent munera rara dapes.
XCII Lepores
Inter aves turdus, si quid me iudice certum est,
Inter quadripedes mattea prima lepus.
XCIII Aper
Qui Diomedeis metuendus saetiger agris
Aetola cecidit cuspide, talis erat.
XCIV Dammae
Dente timetur aper, defendunt cornua cervum:
Inbelles dammae quid, nisi praeda, sumus?
XCV Oryx
Matutinarum non ultima praeda ferarum
Saevos oryx constat quot mihi morte canum!
XCVI Cervus
Hic erat ille tuo domitus, Cyparisse, capistro.
An magis iste tuus, Silvia, cervus erat?
XCVII Lalisio
Dum tener est onager solaque lalisio matre
Pascitur, hoc infans, sed breve nomen habet.
XCVIII Caprea
Pendentem summa capream de rupe videbis
Casuram speres; despicit illa canes.
XCIX Dorcas
Delicium parvo donabis dorcada nato:
Iactatis solet hanc mittere turba togis.
C Onager
Pulcher adest onager: mitti venatio debet
Dentis Erythraei: iam removete sinus.
CI Oleum Venafrum
Hoc tibi Campani sudavit baca Venafri:
Unguentum quotiens sumis, et istud olet.
CII Garum sociorum
Expirantis adhuc scombri de sanguine primo
Accipe fastosum, munera cara, garum.
CIII Amphora muriae
Antipolitani, fateor, sum filia thynni:
Essem si scombri, non tibi missa forem.
CIV Mel Atticum
Hoc tibi Thesei populatrix misit Hymetti
Pallados a silvis nobile nectar apis.
CV Favi Siculi
Cum dederis Siculos mediae de collibus Hyblae,
Cecropios dicas tu licet esse favos.
CVI Passum
Gnosia Minoae genuit vindemia Cretae
Hoc tibi, quod mulsum pauperis esse solet.
CVII Picatum
Haec de vitifera venisse picata Vienna
Ne dubites, misit Romulus ipse mihi.
CVIII Mulsum
Attica nectareum turbatis mella Falernum.
Misceri decet hoc a Ganymede merum.
CIX Albanum
Hoc de Caesareis mitis vindemia cellis
Misit, Iuleo quae sibi monte placet.
CX Surrentinum
Surrentina bibis? nec murrina picta nec aurum
Sume: dabunt calices haec tibi vina suos.
CXI Falernum
De Sinuessanis venerunt Massica prelis:
Condita quo quaeris consule? Nullus erat.
CXII Setinum
Pendula Pomptinos quae spectat Setia campos,
Exigua vetulos misit ab urbe cados.
CXIII Fundanum
Haec Fundana tulit felix autumnus Opimi.
Expressit mustum consul et ipse bibit.
CXIV Trifolinum
Non sum de primo, fateor, Trifolina Lyaeo,
Inter vina tamen septima vitis ero.
CXV Caecubum
Caecuba Fundanis generosa cocuntur Amyclis,
Vitis et in media nata palude viret.
CXVI Signinum
Potabis liquidum Signina morantia ventrem?
Ne nimium sistant, sit tibi parca sitis.
CXVII Mamertinum
Amphora Nestorea tibi Mamertina senecta
Si detur, quodvis nomen habere potest.
CXVIII Tarraconense
Tarraco, Campano tantum cessura Lyaeo,
Haec genuit Tuscis aemula vina cadis.
CXIX Nomentanum
Nomentana meum tibi dat vindemia Bacchum:
Si te Quintus amat, commodiora bibes.
CXX Spoletinum
De Spoletinis quae sunt cariosa lagonis
Malueris, quam si musta Falerna bibas.
CXXI Paelignum
Marsica Paeligni mittunt turbata coloni:
Non tu, libertus sed bibat illa tuus.
CXXII Acetum
Amphora Niliaci non sit tibi vilis aceti:
Esset cum vinum, vilior illa fuit.
CXXIII Massilitanum
Cum tua centenos expunget sportula civis,
Fumea Massiliae ponere vina potes.
CXXIV Caeretanum
Caeretana Nepos ponat, Setina putabis.
Non ponit turbae, cum tribus illa bibit.
CXXV Tarentinum
Nobilis et lanis et felix vitibus Aulon
Det pretiosa tibi vellera, vina mihi.
CXXVI Unguentum
Unguentum heredi numquam nec vina relinquas.
Ille habeat nummos, haec tibi tota dato.
CXXVII Coronae roseae
Dat festinatas, Caesar, tibi bruma coronas:
Quondam veris erat, nunc tua facta rosa est.